L’industrie du livre face au fléau des sites illégaux

L’industrie du livre face au fléau des sites illégaux

Google a franchi un cap symbolique en supprimant près de 10 milliards de liens pirates de ses résultats de recherche, rapporte Torrent Freak. Dévoilé en catimini, ce résultat cache une bataille juridique acharnée menée depuis des années contre les ayants droit.

Cachez-moi ces sites…

En effet, ces derniers sollicitent sans relâche le moteur pour que disparaissent les contenus illicites proposés aux internautes. Si Google a toujours coopéré, ce chiffre marque un tournant : en 2016, le total de liens éradiqués était dix fois moins élevé. Soit les demandes des ayants droit ont augmenté, soit l’offre pirate a explosé… soit Google s’est réveillé au croisement de ces deux courants.

Racontées par les industries culturelles, les conséquences du piratage sont mutliples : captation de la valeur, enrichissement illégal, contrefaçon, perte de revenus au profit des animateur de ces plateformes. Quant à l’efficacité du formulaire Take down, introduit aux États-Unis avec le Digital Millennium Copyright Act, pour obtenir le retrait de contenus illicites.

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Pour répondre à ces défis, Google a développé des algorithmes qui suppriment toute visibilité pour les contenus de sites pirates dans ses réponses. Les efforts porteraient leurs fruits, puisqu’après une période de forte hausse, le nombre de liens signalés a chuté, passant de 2,5 à 1 milliard par an. Mais l’accalmie fut temporaire, car le volume des demandes a de nouveau explosé durant l’été 2024, atteignant un nouveau record de 7 milliards.

Le piratage n’est pas nouveau, mais son évolution vers le secteur de l’édition numérique prend des proportions préoccupantes. L’essor de plateformes illégales comme Z-Library ou Anna’s Archive, largement utilisées pour le téléchargement gratuit d’ebooks et de livres audios, montre à quel point l’accès aux œuvres littéraires peut être détourné. Selon le rapport de Google, l’édition représente désormais 25 % des demandes DMCA, contre à peine 5 % il y a quelques années.

L’affaire ne se limite pas à des plateformes pirates : Meta a fait l’objet d’une action collective, en octobre dernier, pour avoir utilisé des livres piratés pour former ses modèles d’intelligence artificielle Llama. Le cabinet d’avocats Lieff Cabraser Heimann & Bernstein, représentant l’auteur Christopher Farnsworth, accuse Meta d’avoir exploité « des centaines de milliers » de livres protégés par le droit d’auteur pour développer ses systèmes. 

Le Made In France

Face au piratage numérique, la France a également pris des mesures décisives pour restreindre l’accès aux plateformes illégales. En octobre 2024, le tribunal judiciaire de Paris a ordonné le blocage de 28 sites de streaming et de téléchargement suite aux actions des ayants droit.

Cette décision, qui impose aux opérateurs télécoms de restreindre l’accès à ces sites pour une durée de 18 mois, démontre la volonté des autorités françaises de protéger les droits d’auteur. Si cette initiative cible principalement les contenus audiovisuels, elle souligne l’effort continu de la France pour assainir l’écosystème numérique et pourrait servir de modèle pour lutter également contre le piratage d’ebooks à l’avenir.

Cependant, comme le rappelle un utilisateur cité par Ouest-France, le problème réside aussi dans l’accès aux œuvres : « Sans Z-Library, je lirais moins de livres. » Cette déclaration illustre un dilemme majeur pour l’industrie : comment concilier la protection des droits d’auteur avec un accès élargi à la culture ?

Face à cette problématique, il devient impératif pour l’industrie du livre de trouver des solutions pérennes afin de protéger ses créations tout en s’adaptant aux nouvelles attentes des lecteurs.

Crédits illustration : ActuaLitté, CC BY SA 2.0

Par Clotilde Martin
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