Chloé Vidal, adjointe à la Ville de Lyon en charge de la démocratie participative, est l’invitée de 6 minutes chrono.
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C’est un « vide juridique » que Chloé Vidal, adjointe à la Ville de Lyon en charge de la démocratie locale, voudrait combler : l’absence de congés maternité ou paternité pour les élus. « J’ai été mère deux fois en ce début de mandat, donc j’ai connu les joies de la maternité, mais aussi je me suis retrouvée face à un vide juridique très insécurisant en fait et en discutant effectivement avec beaucoup de collègues élus, je me suis rendue compte qu’effectivement la question de la parentalité des élus était complètement invisibilisée et que ça pouvait menacer à la fois la sécurité de l’élu et le bon fonctionnement démocratique aussi de l’institution », explique-t-elle.
L’élue évoque aussi le lancement prochain de la deuxième phase du budget participatif qui permet aux Lyonnais de soumettre leurs idées de projets à la collectivité : « on sera vraiment sur des compétences municipales avec toujours la possibilité de déposer ces idées sur la plateforme numérique Oyé ».
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La retranscription intégrale de l’entretien avec Chloé Vidal
Bonjour à tous et bienvenue, vous regardez 6 minutes chrono le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale et aujourd’hui nous accueillons Chloé Vidal. Vous êtes adjointe à la ville de Lyon en charge de la démocratie participative, on aura probablement le temps d’en reparler tout à l’heure, mais on vous a invité pour revenir sur une tribune que vous avez publiée et qui finalement demande des ajustements dans le rôle d’élu et notamment sur tout ce qui va concerner la parentalité. Qu’est-ce que vous avez constaté vous de votre expérience personnelle et puis peut-être aussi en discutant avec des collègues sur la difficulté d’allier son rôle de mère ou de père de famille et d’élue ?
Comme vous le dites très bien, j’ai été d’abord concernée puisque j’ai été mère deux fois en ce début de mandat, donc j’ai connu les joies de la maternité, mais aussi je me suis retrouvée face à un vide juridique très insécurisant en fait et en discutant effectivement avec beaucoup de collègues élus, je me suis rendue compte qu’effectivement la question de la parentalité des élus était complètement invisibilisée et que ça pouvait menacer à la fois la sécurité de l’élu et le bon fonctionnement démocratique aussi de l’institution. Et donc en discutant avec Léonore Moncond’huy, je parle de son cas parce que c’est celui qui a été fortement médiatisé…
La maire de Poitiers…
Absolument. Elle vient juste de partir d’ailleurs en congé maternité depuis le 15 mars et qui se retrouve dans l’incapacité de mettre en place un intérim de manière sécurisée et privée de tous ses revenus puisque ses indemnités sont suspendues pendant toute la durée de son congé maternité et que cependant, elle garde la responsabilité pénale et civile de sa fonction. Donc là on voit qu’il y a quand même un souci et quelque chose qui ne fonctionne pas et on se rend compte en fait que le système n’a pas été créé jusque là pour permettre à des femmes, des femmes qui peuvent être en âge d’avoir des enfants en fait, d’accéder à ces fonctions de chef et chef d’exécutif.
Est-ce que vous par exemple, ce que vous auriez pu aimer personnellement, c’est que pendant quelques semaines, quelques mois, vous soyez délesté de vos fonctions d’adjoint, ce qui aurait pu être le cas par exemple si vous êtes dans le privé ou vous partez pendant quelques mois ?
Exactement, alors moi j’ai eu beaucoup de chance, j’étais enceinte pendant la durée de la campagne et quand j’ai eu mon deuxième enfant donc en 2021, le maire de Lyon, toute l’équipe de l’exécutif en fait s’est organisée pour mettre en place un intérim donc j’ai réparti mes dossiers entre trois collègues adjointes et adjointes. Je pense que c’est aussi en fait la force de cette équipe qui a permis aussi que l’on s’arrange mais clairement rien n’est organisé, rien n’est préparé pour mettre en place un tel dispositif d’intérim.
C’est-à-dire que à l’inverse du privé où il y a un vrai congé maternité ou d’adoption, ou maternité qui existe, là il n’y a rien ?
Absolument, la question n’existe pas. Elle est aujourd’hui à mon sens encore un peu minorée dans les débats autour du statut de l’élu, bien qu’on se félicite des avancées qu’il y a eu juste après la publication de la tribune au Sénat où deux des revendications que nous portions à travers l’appel en fait ont été entendues et donc on avance, on attend que l’Assemblée nationale maintenant entérine ces avancées mais de fait non, on se retrouve dans une situation qui est préoccupante et pour moi c’est aussi une question démocratique et c’est aussi avec ma casquette d’adjointe à la démocratie locale que j’ai souhaité prendre la parole, on est devant un problème d’égalité d’accès aux fonctions électives. On se plaint toujours du fait que nos élus ne sont pas représentatifs de la population française, que la sociologie des élus ne reflète pas à la société française et cependant les conditions ne sont pas en place pour permettre à des hommes et à des femmes et particulièrement à des femmes à tout âge de la vie de s’engager en politique et elles restent minoritaires.
Et pensez-vous qu’il y a des femmes qui ne se sont pas engagées parce qu’elles avaient regardé que dans le code des collectivités ? Par exemple vous, vous l’avez découvert ?
Alors je ne l’ai pas complètement découvert mais je pensais qu’effectivement il y avait un cadre existant or on voit qu’il y a un vide, un réel vide juridique et donc il s’agit de le combler aujourd’hui et je pense que la situation est beaucoup plus importante quand on est chef d’exécutif, c’est le cas de Léonore Moncond’huy. Encore une fois on s’arrange, on bricole, il y a une tolérance mais il n’y a pas de cadre légal clair pour considérer la parentalité des élus aujourd’hui. Et donc pour moi c’est vraiment un enjeu de représentativité des élus aujourd’hui, faire en sorte que des femmes aussi s’engagent en politique, elles se sentent légitimes à leur place, qu’on impulse un changement aussi de culture institutionnelle et politique et que finalement on participe au renouvellement des modalités du mandat électif.
Il y a un autre point que je voulais aborder avec vous. Il y a eu des perquisitions la semaine dernière à l’hôtel de ville qui concernent finalement des collaborateurs d’élus qui la justice se demande s’ils sont au service de la collectivité ou d’intérêt partisan des élus. Est-ce qu’elle vous inquiète cette enquête qui est en cours ?
Alors je vous répondrai en vous disant que la ville se tient à disposition de la justice, que cette enquête est en cours et que je n’ai absolument aucun commentaire à faire là-dessus.
Autre point que je voulais aborder avec vous, c’est la question du budget participatif. Derrière vous vous voyez la place Bellecour qui sera végétalisée sur ce mandat ou en tout cas qui va commencer à être végétalisée sur ce mandat dans le cadre du budget participatif. Il y aura aussi une deuxième phase sur le budget participatif. Qu’est-ce que vous en attendez de cette deuxième phase ?
Alors la deuxième édition se lance à l’automne. En octobre 2024 on pourra à nouveau déposer ses idées. On espère évidemment que toutes les lyonnaises et tous les lyonnais verront ce budget participatif comme une opportunité.
Le nombre de participants avait été quand même assez modique…
Ce qui est tout à fait normal mais nous étions déjà très bien placés dans la moyenne des collectivités en France. Et puis de toute façon l’idée n’est pas de faire du nombre, mais d’avoir des propositions qualitatives et surtout d’intéresser toutes les lyonnaises et les lyonnais et peut-être même encore plus les personnes qui se tiennent le plus souvent un peu éloignées de ces dispositifs de participation et pour qui on aimerait rappeler que c’est une opportunité finalement de participer à l’aménagement de sa ville.
Et qu’est-ce qui cette fois-ci sera possible de faire ? Est-ce que c’est le même cahier des charges que la dernière fois ? Quels sont les chances sur lesquelles on peut contribuer ?
Alors on restera sur les compétences municipales et cette fois-ci exclusivement parce qu’on pense que ça a créé peut-être un peu de confusin de rajouter aussi la possibilité de co-réaliser avec la métropole. Donc la place Bellecour ou les box à vélo que nous allons inaugurer d’ailleurs ce mercredi, c’était un peu une exception. Là on sera vraiment sur des compétences municipales avec toujours la possibilité de déposer ces idées sur la plateforme numérique Oyé. Un vote qui va un peu changer puisqu’on va créer une journée du vote papier pour permettre à un plus grand nombre de personnes aussi de venir voter. Il y aura une transparence renforcée avec un observatoire citoyen du budget participatif qui pourra observer chaque étape du dispositif. Et puis on va mettre en place une grande stratégie d’accompagnement aussi dans chaque arrondissement sur mesure pour faire en sorte d’intéresser davantage de lyonnaises et lyonnais au dispositif.
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