DROIT DES AFFAIRES. Pour faciliter la vie de ses 200 avocats et employés répartis dans quatre bureaux au Québec, le cabinet Lavery a inauguré l’automne dernier son propre outil d’intelligence artificielle (IA) conversationnel adapté à l’univers juridique.
Lavery, comme pratiquement toutes les entreprises branchées au réseau internet en 2023, s’est retrouvé devant un dilemme par rapport aux « robots » d’IA conversationnels. S’il était impensable d’en interdire complètement l’usage, alors bien implanté dans les habitudes des employés de ses bureaux de Montréal, Québec, Sherbrooke et Trois-Rivières, ouvrir la porte à ces outils, gratuits ou non, exposait le cabinet indépendant et ses clients à des risques juridiques importants.
Plutôt que de choisir, Lavery a décidé de prendre les choses en main et de développer sa propre interface, version juridique, du populaire logiciel d’OpenAI. « On est passé exactement par les mêmes inquiétudes qu’ont toutes les entreprises, dit Me Gaspard Petit, avocat principal en propriété intellectuelle chez Lavery. On sait que les gens vont utiliser l’IA sur leur téléphone, leur ordinateur, et qu’un jour il y aura peut-être une catastrophe. On voyait passer les articles sur des avocats qui ont rendu des procédures écrites par ChatGPT, ou même des juges qui ont remis des jugements rédigés avec l’IA. En surface, tout le monde rit en disant “ah, un autre qui s’est fait prendre !”, mais en secret, je crois qu’on se demande tous si nos affaires sont conformes. »
Les membres de L3IA, le laboratoire juridique Lavery sur l’intelligence artificielle, se sont mis au travail. « On a mis en place un cadre et une gouvernance, guidés par les questions suivantes : qu’est-ce qu’on veut faire avec l’IA ? Qu’est-ce qui est acceptable pour nous ? Quels sont les risques ? » Et on a pris le temps d’aller lire les licences d’utilisation des outils d’intelligence artificielle », dit l’avocat.
Le résultat de ce questionnement est « une espèce de chatbot qui répond à des questions juridiques, encadré par nos politiques maison. Nous l’avons alimenté avec du contenu pertinent pour le type de droit que l’on pratique », dit celui qui est aussi membre de l’Ordre des ingénieurs du Québec.
Outil sécurisé
Le logiciel de Lavery s’appuie sur la technologie développée par OpenAI. « On reçoit les questions de nos usagers, ajoute Me Gaspard Petit. L’outil est en mesure de les analyser pour évaluer si elles peuvent être transmises ou non à l’interface de programmation d’application (API) d’OpenAI. On est donc capables de faire un certain audit sur ce qu’on leur envoie. C’était important de nous assurer qu’avant d’envoyer de l’information, parfois confidentielle, à un tiers, on a un processus de vérification et on garde un certain contrôle. Je crois que ce qui fait peur à beaucoup d’entreprises, avec raison, c’est la perte de contrôle sur les données. »
Il était aussi important que ce ChatGPT maison, pour qu’il soit adopté par les équipes, soit facile à utiliser, et permette aux employés de gagner du temps dans leur pratique. C’est mission accomplie, selon Me Gaspard Petit. « On a ouvert une porte qui est facilement accessible pour tout le monde, un langage capable de répondre à des questions et d’écrire des textes ».
Une longue route
Me Éric Lavallée, avocat associé, agent de marques de commerce et responsable du laboratoire L3IA, fait remonter la genèse de l’assistant Lavery à presque dix ans. « Autour de 2015, on était plusieurs à s’intéresser à la montée de l’IA. On était encore loin de ce qui se fait aujourd’hui, se souvient-il. On voyait que nos clients étaient préoccupés par la technologie, les renseignements personnels et leur traitement. On a décidé de former un petit groupe d’avocats intéressés par ces questions, autant pour transmettre les bonnes informations à nos clients, que pour voir venir les différentes tendances qui allaient avoir un impact social. »
C’est ce groupe qui est finalement devenu le laboratoire Lavery en intelligence artificielle, L3IA, en mars 2017.
Selon Me Éric Lavallée, le cheminement a été en partie rendu possible grâce à une équipe curieuse et dotée de parcours diversifiés. « Le fait qu’on ait des gens comme Gaspard, qui est également ingénieur et qui est capable de programmer, nous a beaucoup aidés. Autour de la table, on a des avocats qui manient le code, qui ont des bagages pluridisciplinaires. J’ai moi-même un doctorat en génie électrique. Plusieurs d’entre nous ont soit une double formation, soit une expérience complémentaire au droit. Ça nous a donné une longueur d’avance dans la matérialisation de notre assistant en IA. »
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