Gouvernement : « Tout le monde se tient par la barbichette
La fin de la trêve olympique approche. La situation politique s’est-elle éclaircie ?
Non. Elle est toujours bloquée. Le Nouveau Front populaire, qui considère qu’il a gagné les législatives, mène une campagne médiatique active pour décrocher Matignon. Mais il ne peut toujours compter que sur 190 à 200 députés. En l’état, un tel gouvernement ne tiendrait pas 48 heures. L’ancienne majorité, LR et le RN ont, en effet, annoncé qu’ils censureraient une équipe comportant des ministres insoumis. Du côté du camp présidentiel, on continue à courir après un pacte de non-agression avec LR. Mais une telle alliance ne représenterait qu’environ 210 députés. Et ne pourrait donc tenir qu’avec le soutien bienveillant de Marine Le Pen. Tout le monde se tient par la barbichette et les Jeux olympiques n’ont absolument pas participé à sortir de cette situation.
Emmanuel Macron va-t-il pouvoir encore tenir longtemps avec un gouvernement démissionnaire gérant les affaires courantes ?
D’un point de vue juridique, cela peut durer. Car il y a une faille dans notre droit. Plus un gouvernement démissionnaire reste, plus ses prérogatives s’étendent. Quand la période d’affaires courantes dure quelques jours, difficile de justifier une nomination préfectorale par l’urgence de la situation. Quand la période s’allonge, cela devient possible. Car on ne peut pas rester très longtemps sans préfet. Autre exemple : le budget. Il n’existe pas de jurisprudence mais on peut penser qu’il serait possible, pour un gouvernement gérant les affaires courantes, d’en présenter un. Un juge pourrait, en effet, considérer que cela vaut mieux que pas de budget du tout.
D’un point de vue politique, il y a, toutefois, un moment où cela va devenir intenable dans un pays qui, malgré l’euphorie des JO, reste une cocotte-minute. D’ici à fin août-début septembre, il devrait donc y avoir une tentative de nommer une personnalité à Matignon.
Pour l’instant, personne ne semble prêt à bouger. D’où peut venir l’étincelle ?
De fait et de droit, l’Élysée a la main. Même si la marge de manœuvre d’Emmanuel Macron est limitée. Le principe de nos institutions, c’est que le Président fait une proposition et que l’Assemblée nationale l’accepte ou la refuse. Tant que le Nouveau Front populaire reste uni, et sachant que le RN est hors jeu, le scénario d’une grande coalition au centre semble exclu. Dès lors, l’hypothèse la plus probable n’est-elle pas celle d’un gouvernement technique, avec un Premier ministre très peu politisé ? Les partis, RN compris, pourraient laisser faire, en expliquant ne pas vouloir ajouter de l’instabilité à l’instabilité. Cela permettrait de faire voter un budget, via le 49.3. Pour les autres grandes perspectives de réforme, il faudrait, en revanche, oublier pendant un an.
Pourquoi, avant d’en venir là, Emmanuel Macron ne purge-t-il pas la solution d’un gouvernement NFP ? Faire la démonstration qu’une telle solution ne fonctionne pas ne permettrait-il pas aux acteurs de changer de posture ?
S’il ne le fait pas, c’est probablement parce qu’il n’a pas accepté le fait d’avoir perdu la main. Mais aussi parce qu’un changement de posture, du côté du Parti socialiste ou des Écologistes, n’aurait rien de certain, même en cas de censure d’un gouvernement NFP. Car les députés de ces deux partis ont une chose en tête : en cas de nouvelle dissolution, ils risquent de ne pas être réélus si la gauche part divisée au premier tour. Faire exploser le NFP ne sera donc pas si simple pour Emmanuel Macron.
Dans notre histoire politique, cette situation de blocage en évoque-t-elle d’autres ?
On peut faire un parallèle avec la IVe République. À partir de 1947, un tiers des députés ne peuvent pas entrer dans les combinaisons gouvernementales. Pour raison de Guerre froide, le Parti communiste sort de tous les jeux d’alliance. Quant aux gaullistes, ils sont dans une stratégie de rejet du régime. Reste donc, pour gouverner, une SFIO très déstructurée, qui fonctionne en chapelles, un centre éclaté et indiscipliné et une droite dite modérée, mais qui est, en fait, plutôt catholique et conservatrice. Cela se traduit par des alliances de la carpe et du lapin, et donc des gouvernements qui tombent tous les quatre matins. Ce qui a tué la IVe République, ce n’est pas sa Constitution, c’est la crise politique. Et si la Ve République a longtemps été stable, ce n’est pas uniquement grâce aux institutions. C’est en raison de la réintégration, dans le jeu politique, des gaullistes en 1958, puis des communistes à partir des années 70. Avec une bipolarisation qui a aujourd’hui disparu.
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