Excellent film noir policier dont le réalisme
méticuleux vire au cauchemar et au fantastique.
San Francisco, USA 1990. Patty et Drake achètent et
restaurent une demeure victorienne dans le quartier le plus
chic de la ville, Pacific Heighs. ils louent deux appartements
indépendants au rez-de-chaussé afin de rembourser plus
rapidement l’important emprunt qu’ils ont souscrit. Un couple
japonais leur donne toute satisfaction concernant le premier
mais Drake se laisse manipuler par Carter Hayes qui emménage
dans le second appartement. Ce psychopathe prédateur va
bientôt mettre en danger non seulement leurs finances mais
aussi leurs vies.
Fenêtre sur Pacifique(Pacific Heighs, USA
1990) de John Schlesinger (1926-2003) est dorénavant un
classique du film noir policier. Il est très représentatif
d’un courant que les historiens américains du genre nomment
tantôt « eviction thriller » (car l’argument est souvent celui
d’un couple soigneusement dépeint dont la relation puis la vie
est menacée par l’irruption d’un psychopathe) tantôt, plus
simplement mais un peu trop largement, « film policier
psychologique ».
Durant son âge d’or 1966-1976, Schlesinger avait filmé des
scénarios ambitieux : adaptation romanesque d’un roman de
Thomas Hardy, drames psychologiques réalistes contemporains
situés à New York et à Londres à la fin des années 1960, mise
en abyme critique du Hollywood des années 1930. Il servit par
la suite, ponctuellement mais remarquablement, des genres tels
que l’espionnage et le fantastique.
Fenêtre sur Pacifique est le dernier titre vraiment
intéressant de sa filmographie, son chant stylistique du cygne
à tous points de vue ; il travailla ensuite davantage pour la
télévision que pour le cinéma. Sur le plan purement plastique,
on est proche de la perfection formelle et cela, dès le
générique d’ouverture qui instaure simultanément une
ambivalence et une violence impressionnante. L’hommage au
cinéaste Alfred Hitchcock est patent (emploi de l’actrice
Tippi Hedren – la mère de l’actrice Melanie Griffith – dans un
rôle secondaire, brève apparition du cinéaste John Schlesinger
lui-même durant un plan). Le scénario est doté d’un suspense
intense servi par un casting de haut vol parfaitement
exploité. Sur le plan strictement documentaire, signalons que
la maison existe réellement mais qu’elle n’est pas située dans
le quartier qui donne son titre au film. Concernant l’aspect
juridique de la première partie du scénario (les
propriétaires, la police, le juge sont d’abord incapables puis
capables d’expulser un locataire s’avérant un escroc), les
cinéphiles américains juristes ou membres des forces de
l’ordre ont discuté de sa pertinence au plan national,
fédéral, et bien sûr local mais l’agument repose sur une
expérience personnelle du scénariste Daniel Pyne qui avait
vécu une situation similaire. L’un des plans les plus
étonnants du film, surtout pour un spectateur français, est ce
panoramique circulaire sournois qui révèle les attributions
juridiques en même temps que la décoration du bureau de
l’avocat du trust familial qui gère les dépenses du
psychopathe.
Du réalisme, Fenêtre sur Pacifique vire
régulièrement au cauchemar, oscillant finalement
in-extremis entre film policier et film d’épouvante :
oscillation qui apparaissait déjà durant le générique
d’ouverture. La boucle est ainsi parfaitement bouclée. Cette
progressive transformation filmique, fond comme forme, était
alors très appréciée du public : les cinéastes Adrian Lyne
(1987), Philip Noyce (1989), Joseph Ruben (1991), Jonathan
Kaplan (1992), Barbet Schroeder (1992) l’illustrèrent très
bien. Il ne faudrait d’ailleurs pas la réduire à cette période
du genre ni à cette structure scénaristique ponctuelle des
années 1990 : elle lui est consubstantielle.
Edition combo ESC du 06 mars 2024, contenant, sous boîtier
digipack, 1 DVD-9 PAL zone 2 + 1 Blu-ray 50 région B. Durée du
film : 102 min. environ (sur Blu-ray). Format 1.85 original
respecté, en Full HD 1080pAVC, en couleurs, compatible 16/9.
Son DTS HD Master Audio DTS HD Master Audio en VOSTF 5.1. + VF
d’époque 2 0. Suppléments : entretien avec Samuel Blumenfeld
(22’).
Entretien autour du film avec Samuel Blumenfeld ( 22’
environ) : il replace bien le titre dans l’histoire du genre
(le film policier américain des années 1990), dans la
bio-filmographie de son réalisateur John Schlesinger puis il
examine attentivement son casting, le découpage de son
scénario et sa mise en scène. Excellentes remarques sur
l’influence d’Alfred Hitchcok et sur l’homosexualité dans le
cinéma de Schlesinger. Une erreur (le thème du titre anglais
de 1970 avec Glenda Jackson n’est pas tant l’homosexualité que
la bisexualité, sujet encore plus brûlant à l’époque) et une
lacune (rien sur l’aspect juridique assez irréaliste en ce qui
concerne les modalités d’expulsion des locataires ne réglant
pas leur loyer à San Francisco). Illustré par de nombreux
extraits vidéo du film, quelques photos de production
(« production stills ») en N&B et quelques photos couleurs de
tournage.
Format respecté large 1.85 en Full HD 1080pAVC, en couleurs
et compatible 16/9. L’image est identique à celle du master
vidéo Full HD édité aux USA par Sony en 2019. La copie
positive argentique est assez propre, mises à part quelques
rares brûlures blanches visibles sur environ une dizaine de
plans. Le transfert vidéo respecte assez bien le grain, le
gain de définition est appréciable tandis que les couleurs
sont correctement étalonnées mais elles manquent de vivacité
et de fraîcheur. On aurait pu obtenir mieux à partir d’une
copie neuve retirée du négatif : ce n’est visiblement pas le
cas. Reste que c’est tout de même, pour l’instant, la
meilleure image disponible en édition vidéo : ne pas lâcher la
proie pour l’ombre, donc, car le film le mérite amplement.
DTS HD Master Audio DTS HD Master Audio en VOSTF 5.1. + 2.0
en VF d’époque : offre nécessaire et suffisante pour le
cinéphile francophone. Musique signée Hans Zimmer, remarquable
dès le générique d’ouverture, par sa belle ampleur et ses
ruptures concertées de ton. Il a existé en 1990 une version
THX exploitée dans certains cinémas lors de la sortie même si
le son était majoritairement exploité en Dolby Stéréo (voir
générique de fin concernant ces deux mentions). La VF d’époque
est certes correcte techniquement et dramaturgiquement mais
les effets sonores de la piste VOSTF sont mieux restitués.
Etant donné qu’ils sont souvent sophistiqués, voire élément
moteur du suspense de plusieurs séquences importantes, je
recommande d’écouter de préférence cette piste VOSTF.
Crédits images : © Morgan Creek Entertainment
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