L’édito de Hervé Le Tellier
Comme à Bogotá, où l’eau manque cruellement, l’humanité doit désormais apprendre à se priver de cette ressource essentielle. Une conséquence prévisible d’un réchauffement climatique que rien ne vient enrayer.
A l’occasion du Festival du livre de Paris les 12, 13 et 14 avril, nos journalistes cèdent la place à des autrices et auteurs pour un numéro exceptionnel et un supplément de 8 pages spécial Québec. Hervé Le Tellier et Dany Laferrière sont les rédacteurs en chef de cette 17e édition du Libé des écrivains. Retrouvez tous les articles ici.
C’est une première : face à une sécheresse sans précédent en intensité et en durée, une capitale d’Amérique latine, nichée en altitude sur un haut plateau, va apprendre à se priver d’eau. Ce ne sera pas si simple.
C’est une première aussi : des législateurs se penchent sur les nuages, manière étrange de parler puisqu’ils circulent au gré des vents au-dessus des têtes. Ils tentent de leur définir un espace juridique. Car c’est vrai, à qui appartiennent-ils ? Si un Etat les «ensemence» – i.e. les fait crever – afin d’irriguer ses terres à blé, humidifier ses pâturages, in fine sauver ses paysans, que peut faire l’agriculteur de l’autre pays, celui qui vit au-delà du fleuve à sec ? Dans ce vide juridique, l’impunité du pilleur de nuages est garantie.
Sur ce brigandage du ciel, impensable il y a peu, un des auteurs de ce Libé des écrivains, a préféré écrire une «fable» éclairante, à l’argument édifiant.
Dune, le livre de Frank Herbert qu’a adapté récemment au cinéma Denis Villeneuve, parle d’une planète sans eau, d’une planète de sable et de tempêtes, sur laquelle chaque habitant tente de s’adapter. Sa survie est à ce prix. Sur la Terre, avec ses 8 milliards d’habitants, l’eau, plus précisément le manque d’eau, est enfin devenu un sujet d’inquiétude majeur. Le réchauffement climatique, en dépit de ceux qui, criminels devant le tribunal de l’avenir, persistent à le nier malgré l’évidence, a eu cet effet prévisible. S’il est la cause ici et là de pluies dévastatrices, ailleurs, il signifie pénurie, sécheresse, aridité : la jungle devient la savane, la savane le désert. Cette année se prépare à être la plus chaude de l’ère industrielle depuis qu’il existe des mesures – c’était déjà le cas de l’année dernière. Et l’inéluctable ruée vers l’eau sera la fauteuse de guerres à venir.
Il faut le rappeler, quitte à s’excuser de la banalité : la température terrestre va s’élever de plus de 2°C de manière certaine d’ici quelques années, puisque ne pas agir, ne rien décider, ne jamais punir, semble la règle.
L’eau. La langue peut s’en passer, certes au prix de savants zigzags alphabétiques. L’humanité, vraiment pas.
La raison d’être de editionsefe.fr est de trouver en ligne des communiqués autour de Edition Juridique et les présenter en s’assurant de répondre au mieux aux interrogations des gens. Le site editionsefe.fr vous propose de lire cet article autour du sujet « Edition Juridique ». Cette chronique se veut reproduite du mieux possible. Vous avez la possibilité d’envoyer un message aux coordonnées fournies sur le site dans le but d’indiquer des explications sur ce texte sur le thème « Edition Juridique ». Dans peu de temps, nous publierons d’autres informations pertinentes autour du sujet « Edition Juridique ». Cela dit, visitez régulièrement notre site.
