Désormais omniprésente dans le sport de haut niveau, mais aussi de plus en plus dans le cadre des compétitions destinées aux amateurs, la lutte contre le dopage est un des enjeux de la 33e édition des Jeux olympiques d’été qui a lieu du 26 juillet au 11 août à Paris. Qu’il s’agisse d’un fait individuel ou collectif, voire étatique comme en témoignent les pratiques en Allemagne de l’Est dans les années 1970 et 1980 ou plus récemment en Russie à la veille des JO de Rio en 2016, l’ombre du dopage a toujours plané sur les compétitions olympiques. L’occasion de s’intéresser aux actions mises en place par l’Union européenne pour lutter contre ce fléau.
Un axe majeur de la politique européenne du sport
En 2007, la Commission européenne publie un Livre blanc qui vient définir le rôle sociétal du sport, sa dimension économique et l’organisation du secteur sportif en Europe. Dans ce document baptisé “Pierre de Coubertin”, du nom de l’inventeur des Jeux olympiques modernes en 1896, la Commission européenne évoque l’idée de “faciliter une approche coordonnée de l’UE dans la lutte contre le dopage”. Mais son action reste limitée, car le sport n’est qu’une compétence d’appui de l’Union. En effet, selon les traités, l’UE ne peut que “soutenir, coordonner ou compléter l’action des États membres”, lesquels sont compétents en la matière.
C’est pourquoi l’UE adopte une “triple approche” (déjà évoquée en 1999, mais approfondie depuis) afin d’améliorer la lutte contre les pratiques dopantes. Tout d’abord, la Commission recueille le point de vue des experts “sur la portée éthique, légale et scientifique du phénomène du dopage”. Ainsi, le groupe d’experts européens sur la lutte contre le dopage a présenté en 2012 les premières révisions du code mondial antidopage. Grâce à ce travail en amont, la Commission a pu collaborer avec les Etats membres afin que la révision définitive de ce corpus juridique, entré en vigueur en 2015, soit conforme à la législation de l’Union.
Deuxième élément de cette approche : l’exécutif européen soutient et collabore avec les instances internationales et nationales de lutte contre le dopage telles que l’Agence mondiale antidopage (AMA), les organisations nationales antidopage (ONAD) et les laboratoires accrédités. En juin 2022, L’Union européenne a par exemple accordé à l’AMA une subvention de 1,43 million d’euros sur deux ans en vue de renforcer les capacités d’action des organisations antidopage (OAD) de 48 pays du Vieux Continent. Dans ce cadre, l’UE a par exemple co-financé une campagne de sensibilisation baptisée “Natural is Enough” (Le naturel suffit, en français) et menée par des influenceurs européens, en vue de désinciter les jeunes à utiliser des substances dopantes lors de leur pratique sportive.
Enfin, le troisième élément de l’approche européenne consiste à encourager les Etats membres à coordonner leurs politiques de lutte contre le dopage, en mobilisant et complétant les instruments, ainsi que les programmes de l’UE sur le sujet. La Commission européenne soutient également l’introduction par les Vingt-Sept de dispositions juridiques visant à combattre le trafic de substances illicites à travers un renforcement de la coopération judiciaire européenne.
Par ailleurs, les Etats membres de l’Union ont tous ratifié la Convention contre le dopage rédigée par le Conseil de l’Europe et entrée en vigueur en 1990. Ce texte vise ainsi à “la réduction, et à terme, [à] l’élimination du dopage dans le sport”, à travers la mise en place de mesures par les Etats signataires, “dans les limites de leurs dispositions constitutionnelles respectives”.
Une coopération européenne et internationale pour les JO de Paris 2024
Lors de l’édition des Jeux de Paris 2024, l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), autorité publique indépendante, sera en première ligne en matière de contrôle avec l’appui de l’International Testing Agency (ITA, Agence de contrôle internationale). Cette nouvelle entité a été créée par le Comité international olympique (CIO) en 2018 après les révélations du système de dopage d’Etat en Russie avant les Jeux de Rio (2016).
Le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop) supervisera le programme grâce à l’expertise de l’AFLD, afin de collecter près de 6 000 échantillons pendant toute la compétition, soit la moitié du volume qu’a réalisé l’autorité indépendante au cours de l’année 2023. Il s’agira ainsi de “4 650 tests urinaires, 1 150 prises de sang, et environ 200 tests de sang séché […] [une nouvelle technologie […] utilisée en complément]”. Ils seront récoltés par 260 préleveurs, essentiellement des professionnels de santé, dont les deux tiers proviennent de l’étranger. Ces derniers seront d’ailleurs aidés par environ 600 “chaperons”, des volontaires chargés d’accompagner les athlètes jusqu’aux points de contrôle sur les sites de la compétition.
Les échantillons seront ensuite envoyés au laboratoire de l’Université Paris-Saclay, le seul accrédité par le CIO, dont les résultats seront connus sous 48 heures. Pour ce faire, les effectifs ont été doublés, passant à 90 analystes dont la moitié viennent de l’étranger. En outre, douze agences antidopage nationales seront en soutien de l’AFLD, dont celles de quatre Etats membres de l’UE (Allemagne, Espagne, Italie et Suède) auxquelles s’ajouteront trois autres pays du continent européen (Norvège, Royaume-Uni, Ukraine). Les agences antidopage australienne, brésilienne, canadienne, américaine et néo-zélandaise complètent la liste.
Des contrôles peu efficaces au moment de la compétition
Malgré la somme de 20 millions d’euros consacrée à la lutte antidopage, pendant les Jeux olympiques et paralympiques, les sportifs ayant recours à des substances illicites pour améliorer leurs performances sont très peu démasqués lors de la compétition… mais souvent bien plus tard. Par exemple, selon les chiffres avancés par Statista, pas moins de 15 médailles ont été retirées à des athlètes originaires d’un pays de l’Union européenne aux Jeux olympiques d’été et d’hiver entre 2000 à 2016.
Lors des Jeux de Londres en 2012, seuls 9 sportifs avaient été contrôlés positifs sur l’ensemble des épreuves. Mais après une nouvelle analyse de plus de 2 700 échantillons collectés lors de l’édition londonienne, 73 cas de dopage ont été identifiés, menant ainsi au retrait de 31 médailles principalement au détriment de la Russie, de la Biélorussie et de l’Ukraine.
Toutefois, le directeur général de l’ITA Benjamin Cohen estime qu’il existe désormais “une vraie coopération avec les agences nationales antidopage, les fédérations internationales et l’AMA”. “Depuis [les Jeux de] Tokyo et Pékin, l’ITA sait ce qu’il faut faire, on connaît les problèmes, on a mis en place les outils juridiques et un programme de contrôles pour être plus efficace à Paris”, ajoute-t-il dans les colonnes du journal Le Monde. L’Agence internationale de contrôle émet des recommandations à toutes les instances nationales antidopage et fédérations internationales pour mieux cibler les contrôles tout en contribuant à la coordination des Etats en matière de renseignement (police, douane, parquet etc…). A cela s’ajoute également le suivi régulier des sportifs en amont de la compétition, selon le niveau de risque du sport dans lequel ils évoluent. L’haltérophilie et certaines disciplines d’athlétisme étant très exposées au dopage, tandis que le risque est faible au tir à l’arc par exemple, explique Benjamin Cohen. Dès lors, le nombre de cas positifs sera scruté de très près lors de cette 33e édition des JO d’été, mais aussi durant les années qui suivent…
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