Immédiatement : un « de Roux » sans limite de vitesse

Immédiatement : un « de Roux » sans limite de vitesse

Immédiatement n’est pas un ouvrage, mais un électrochoc pour une société techno-anesthésiée ; autrement écrit, un maître-livre pour notre temps. L’auteur de ce recueil d’aphorismes s’appelle Dominique de Roux, éditeur, homme d’action et écrivain. Si l’éditeur, fondateur des Éditions de l’Herne, disparu en 1977, dit encore quelque chose aux jeunes générations, l’écrivain reste inaperçu.


Auteur des hauteurs, éditeur des réprouvés, Dominique dérange et décoiffe. Dans la galaxie des auteurs du XXe siècle, de Roux est une étoile filante, son œuvre, un ensemble de signes augurales qui percent le ciel d’écran de notre époque. Mal à laisse dans cette après-guerre où règnent en maître la « glose », l' »idéologie », le « journalisme », Dominique est sans doute plus à sa place à briller dans nos nuits d’hiver que dans les « arlequinades de la vie parisienne ».

Celui qui fustigeait l' »horrible esprit de boutique français », de la NRF notamment, fonde une base de lancement de fusées : l’Herne. Son grand rival, et cependant ami, s’appelle Philippe Sollers, fondateur de la revue Tel Quel.

<!–


(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({});

–>

Les aphorismes d’Immédiatement (que j’appelle « méta-aphorismes » ou métaphorismes) ne sont pas des potiches de musée pour nostalgiques, mais des électrochocs. Incisifs, percutants, parfois coupants comme le verre, ils tournent comme tourne la cheville dans le bois de la langue de bois. Tout le monde y passe ! Les faux résistants, les Giscard et autre Pompidou de son temps. On en vient à sourire à la lecture de sa phrase : « La France pompidolienne est une escroquerie politique » en songeant à ce qu’il dirait de la France macronoïde ! Il envoie à la figure de Jean Genet : « Dès qu’il n’écrit pas, il se fait curé de gauche ; dès qu’il écrit, sa plume l’oblige à la trahison ». Roland Barthes, excédé par la page de joyeusetés que lui réserve Dominique, demande qu’elle soit arrachée ; Christian Bourgois, l’éditeur, s’exécute.

Dominique est un homme pressé. Il macule de ses pensées les nappes en papier des restaurants, les coins des journaux, dans les gares, les aéroports, à la faveur des trajets qu’il entreprend dans la seconde partie de sa vie, au Mozambique, à Cuba, à Haïti. Au milieu de la jungle africaine qu’il traverse à pieds pour rejoindre l’ami Jonas Savimbi, le révolutionnaire angolais ; dans le silence métaphysique du monastère où prie Robert Vallery-Radot, grand-père de son épouse, et dédicataire de Sous le soleil de Satan.

« Itinéraire entre le double miracle de l’apparition des choses et de leur disparition » – les premières lignes de l’ouvrage – augurent du reste. Dans cette formule transparaît la bruissante actualité de l’Aléthéïa grecque, intranquille dualité de l’homme au cours de son passage sur terre. Non pas « être au monde » d’un philosophe de salon, mais celui de l’hoplite en train de livrer bataille. Dominique n’a pas de temps à perdre en vaseuses spéculations philosophiques, il livre un combat. En guerre, on fait face à son ennemi, sinon c’est l’ennemi qui vous vise et vous tue. Il reçoit des flèches. Notamment quand, crédule, il n’a pas vu un certain Tacu tournicoter autour de lui pour finir par le mettre en minorité juridique dans la maison d’édition qu’il a créée. En sage Pénélope, Jacqueline, son épouse, le met en garde, mais en vain. Tacu usurpe le trône, Dominique prend les chemins de l’Exil. Quand un géant est mis en minorité par un nain, le géant reste un géant pour l’Histoire, et le nain disparaît dans l’oubli. Si Dominique a connu un menteur, Tacu, il a aussi connu un mentor, Witold Gombrowicz (1904-1969). Rencontre décisive. L’écrivain polonais enseigne à Dominique la distanciation d’avec les causes politiciennes, pour faire face à l’immédiate existence. A partir de cette date, Dominique, l’exilé volontaire, voyage ; il livre sa guerre de Troie pendant que Tacu ripaille.

Il n’est pas simple de suivre l’itinéraire intérieur de Dominique sans point de repère. Les chiffres, plus que les lettres, peuvent nous y aider. Il y a en fait deux ou trois Dominique, l’homme d’action, le poète et l’aventurier. Son « Cinquième Empire », roman inspiré de la légende du roi mythique Sébastien, fait litière à son « Gaullisme métaphysique ». L' »Empire, écrit-il dans Immédiatement, c’est la distance entre le lever et le coucher de soleil d’une race ». Autre comptabilité, Gombrowicz, le mentor de Dominique, décrit l’avènement d’un « troisième homme », autre repère qui aide à suivre, de loin, les pas des géants.

Lire Immédiatement, ouvrage le plus personnel de Dominique de Roux, c’est prendre le risque que s’effondre, en nous, le mensonge de la société du spectacle. C’est toucher, enfin, « le cœur des choses ». Immédiatement peut désormais être écouté en ligne. Écrire sur Youtube « Dominique de Roux – Immédiatement (intégrale) » :

[embedded content]

JPEG - 40.9 ko
Dominique de Roux et son ami Jonas Savimbi dans la jungle angolaise…

La raison d’être de editionsefe.fr est de trouver en ligne des communiqués autour de Edition Juridique et les présenter en s’assurant de répondre au mieux aux interrogations des gens. Le site editionsefe.fr vous propose de lire cet article autour du sujet « Edition Juridique ». Cette chronique se veut reproduite du mieux possible. Vous avez la possibilité d’envoyer un message aux coordonnées fournies sur le site dans le but d’indiquer des explications sur ce texte sur le thème « Edition Juridique ». Dans peu de temps, nous publierons d’autres informations pertinentes autour du sujet « Edition Juridique ». Cela dit, visitez régulièrement notre site.