Avec le digital, la logistique des invendus se structure

Avec le digital, la logistique des invendus se structure

Le contexte juridique

  • La loi du 11 février 2016, dite Garot, établit une hiérarchie pour lutter contre le gaspillage alimentaire (prévenir, donner, transformer, valoriser), interdit aux distributeurs la destruction d’aliments encore consommables et, pour ceux de plus de 400 m², impose de proposer des conventions de don à des associations d’aide alimentaire.
  • La loi du 10 février 2020, dite Agec, met fin à l’élimination des invendus non alimentaires depuis le 31 décembre 2023 et fixe des objectifs de réduction du gaspillage alimentaire.

La France, en avance sur le sujet, a encadré le gaspillage alimentaire et non alimentaire grâce à deux lois. « La législation encourage le don en faveur d’associations de lutte contre la précarité et de structures de l’économie circulaire, sociale et solidaire », estime Pierre-Yves Pasquier, cofondateur de Comerso, solution qui met en relation de plus 2200 sociétés clientes avec 2500 associations partenaires en France. Une plate-forme digitale et logistique qui a entre autres pour client la division des produits professionnels de L’Oréal. « Avec Comerso, nous avons développé dès 2022 une application mobile pour aider les salons de coiffure à gérer et à valoriser leurs invendus », rapporte Marion Pedeutour-Gadras, la responsable RSE de la filiale de L’Oréal Professionnel. Un service clés en main qui facilite le don de leurs produits d’hygiène, tels que les shampooings et soins, auprès de huit associations partout en France.

Sur le terrain, le commercial de L’Oréal contrôle les produits à reprendre puis les scanne et les enregistre dans l’application. « Chaque salon en remet une dizaine par an et bénéficie de la même qualité de service, quelle que soit sa taille ou sa localisation », insiste Marion Pedeutour-Gadras. Une logistique pilotée par Comerso. Le salon reçoit un bon et une étiquette « transport », puis Chronopost enlève les produits qu’il livre sous trois jours à l’association bénéficiaire. « L’Oréal prend en charge l’intégralité du coût logistique. Depuis le lancement du service, 5 400 produits ont été donnés par 150 salons », affirme la responsable RSE.

Les chiffres

  • 20 % de la nourriture produite en France finit à la poubelle chaque année. Soit 10 Mt pour un montant de 16 Mrds €

Source : ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire / Ademe

L’IA à la rescousse

Dans l’alimentaire, le traitement des invendus permet aussi de limiter la perte de chiffre d’affaires. Auchan Retail souhaite atteindre « zéro gaspillage alimentaire en 2032 et diviser le gaspillage par deux d’ici à fin 2027», partage Martine Demaret, responsable des programmes stratégiques de l’enseigne. Un enjeu de taille, puisque « la casse alimentaire représente entre 200 et 250 millions d’euros par an », confie-t-elle.

Pour y parvenir, l’enseigne collabore avec Smartway. Depuis 2022, elle déploie ses solutions digitales de gestion de la casse alimentaire pilotées par intelligence artificielle. «Celles-ci sont utilisées en France, Roumanie, Russie, Luxembourg, Hongrie et en Pologne. Le déploiement ibérique est en cours. Suivront la Côte d’Ivoire et le Sénégal en 2025 », détaille Martine Demaret. Hors Dia au Portugal, plus de 2000 hypermarchés et supermarchés du groupe sont engagés dans la démarche. Celle-ci consiste à détecter les produits à date courte, puis à choisir la meilleure option pour les commercialiser.

« Too Good To Go Platform évite le gaspillage alimentaire tout en facilitant la gestion opérationnelle des magasins au quotidien. »

Méleyne Rabot, directrice générale de Too Good To Go France

À la clé, « une augmentation des volumes valorisés, soit à la vente en tant que produits à consommer rapidement grâce à un taux de réduction, soit sous forme de dons de repas auprès d’associations ou de paniers “surprise”, sans qu’un choix ne soit fait au détriment de l’autre », explique Martine Demaret. Le stickage des remises est optimisé par l’IA qui « intègre de façon dynamique des données météorologiques ou de fréquentation selon les jours et les saisons, par exemple », précise Christophe Menez, cofondateur de Smartway. Depuis le déploiement de la solution, Auchan aurait évité le gaspillage de 117 millions de produits, dont 63 % sur la seule année 2023.

« Grâce à nos outils, un magasin peut réduire sa casse alimentaire jusqu’à 50 %», argue Christophe Menez. Chez Auchan, des indicateurs de performance internationaux, nationaux ou par zone géographique et par magasin sont analysés par des équipes dédiées. La détection, le stickage et la revente des produits à dates courtes sont des KPI particulièrement suivis, reconnaît Martine Demaret. « Ils peuvent aussi servir à améliorer l’approvisionnement des magasins », ajoute-t-elle. Depuis l’an passé, Smartway peut également couvrir les produits sans code-barres, comme les fruits et légumes en vrac.

L’Oréal reprend des invendus en salon de coiffure

Le géant de la beauté s’est associé à Comerso. Grâce à son appli mobile, le commercial de L’Oréal peut scanner les produits à retourner, le salon envoie ensuite les shampoings et autres via Chronopost. Pour l’heure, 150 établissements participent à ces retours vertueux, qui seront donnés à huit associations identifiées.

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Des revenus supplémentaires

Les paniers « surprise » à petits prix font partie des valorisations d’Auchan Retail, via Too Good To Go en particulier. Son application antigaspi alimentaire a déjà conquis 17 pays en huit ans d’existence, et 40000 commerces français. En 2024, l’entreprise a développé de nouvelles applications numériques pour aider les enseignes de la grande distribution à mieux gérer leur surplus alimentaire en magasin, présente Méleyne Rabot, directrice générale de Too Good To Go France. Rassemblées sous le nom «Too Good To Go Platform, elles identifient les produits à dates courtes et optimisent leur valorisation par des remises, des dons à des associations et des paniers “surprise”. Too Good To Go Platform évite le gaspillage alimentaire tout en générant des revenus, maximisant les marges et en facilitant la gestion opérationnelle des magasins au quotidien ». Près d’un millier de points de vente l’auraient adopté, dont plus de 250 Monoprix.

Conforama déploie la reprise par le don

Depuis fin 2022, les 168 magasins Conforama et son site internet proposent à leurs clients la reprise par le don. Derrière l’initiative, il y a la plate-forme Geev. « Aujourd’hui, 30% de nos ventes de meubles font l’objet d’une reprise par le don », avance Sandrine Bizouarn, directrice des services omnicanaux de Conforama.

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Offrir des solutions aux pros, c’est aussi la méthode choisie par Geev pour structurer et massifier l’antigaspi. Depuis fin 2022, les 168 magasins Conforama et son site internet proposent un service s’inscrivant dans leur démarche RSE. Avec un réel succès : « Aujourd’hui, 30 % de nos ventes de meubles font l’objet d’une reprise parle don », confie Sandrine Bizouarn, directrice des services omnicanaux de Conforama. Pour y arriver, ses équipes de vente ont été formées et sensibilisées en sus d’une campagne de communication spécifique sur la reprise par le don.

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