Un livre explore le potentiel juridique de ChatGPT

Un livre explore le potentiel juridique de ChatGPT

« Pour faire taire les rumeurs sur son incompétence et sa médiocrité intellectuelle, j’ai décidé d’écrire un livre à quatre mains avec elle. » « Elle », c’est ChatGPT, l’IA révolutionnaire capable de générer des contenus (textes, images, sons) en réponse à des « commandes » (ou prompts). Lui, c’est Me Alain Bensoussan, figure incontournable du droit des technologies avancées, ardent défenseur de la « personnalité juridique » du robot.

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Le pari était osé : l’avocat a tendu la plume à sa « machine-outil virtuelle » pour corédiger un livre de 752 pages* dans lequel il démontre, illustrations à l’appui, que ChatGPT est capable de réaliser au minimum 20 à 30 % du travail quotidien de l’avocat. « ChatGPT a écrit 400 pages sur 750, ainsi que la préface et la conclusion, et je n’ai pas changé un mot de sa prose », précise-t-il. Quand je lui ai demandé de faire une table des matières en 19 chapitres en détaillant quatre points par chapitre, et en donnant un exemple, cela lui a pris trois secondes ! L’IA m’aurait économisé des mois de travail si je l’avais consultée plus tôt. »

L’IA « n’a aucune logique et ne réfléchit pas »

Ce livre en forme de défi balaie toutes les idées reçues. À commencer par celle selon laquelle ChatGPT n’est qu’un perroquet juridique, incapable de pondre un dossier de plaidoirie ou une consultation d’avocat digne de ce nom, en raison de ses « malfaçons » – biais, erreurs, approximations, hallucinations, etc. En réalité, plaide l’avocat, « on se trompe de cible. Il ne faut pas, à partir d’un prompt, attendre un résultat de 100 %. Il faut viser le seuil de 20 à 30 %. En affinant ses prompts, en changeant le style, en détaillant un point, on passe d’un brouillon à un texte de plus en plus argumenté, jusqu’à atteindre de 50 à 80 % du travail, et ce, en quelques minutes. Mais attention, l’IA est feignante, elle n’a aucune logique et ne réfléchit pas », prévient-il.

En pratique, n’importe quelle prestation juridique récurrente telle que la rédaction d’une note de synthèse, d’un programme de conformité pour une entreprise, d’un projet de brevet, d’une assignation devant le tribunal ou de conclusions en défense « peut être réalisée en quelques secondes », assure Me Bensoussan. C’est ce qu’il nomme la « cobotique juridique », autrement dit « la collaboration étroite et harmonieuse entre les humains et ces nouvelles entités virtuelles que sont les grands modèles de langage ».

Ainsi, analyse l’avocat, « le livrable » ou « la pièce intellectuelle » est produite à partir d’une commande, à l’instar des cols bleus qui pilotent une machine à commande numérique pour obtenir une pièce physique. « Avant, les professionnels du droit réalisaient une prestation ; dorénavant, ils la commandent à la machine. C’est en cela que cette troisième révolution digitale (après celles de l’informatique et de l’Internet) introduit une vraie rupture. »

Le client et son travail de premier niveau

Au cabinet, depuis septembre 2023, l’ensemble des juristes utilisent quotidiennement ChatGPT, grâce au savoir-faire « maison » auquel ils ont été formés. D’autant que piloter la machine, la questionner, la relancer, la corriger, optimiser ses résultats, c’est un art. « L’invite (ou prompt) est à l’archer ce que ChatGPT est au violon », métaphorise Me Bensoussan. De quoi mettre les professionnels du droit au pied du mur. « ChatGPT démocratise la mise en pratique de la connaissance juridique. Entre 15 et 20 % du travail de premier niveau peut désormais être fait par le client. »

Ainsi, en quelques prompts et un peu de méthode, un salarié est capable de générer son dossier de harcèlement en y joignant l’état du droit et de la jurisprudence, une entreprise victime d’un vol de fichier client peut obtenir un projet de plainte pénale, le bailleur d’un local commercial peut produire un contrat sur mesure, etc.

L’avocat va-t-il devoir se réinventer ? « D’une certaine façon, en peaufinant ses qualités de virtuose de la stratégie et de l’innovation. Plus il fera preuve d’intelligence émotionnelle dans la compréhension de la situation, plus l’intelligence technique sera à son service, et ce, quelles que soient la taille et la spécialité de son cabinet », prédit Alain Bensoussan. Prometteur.

*ChatGPT dans le monde du droit, la cobotique juridique (Bruylant), janvier 2024.


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