Rentrée littéraire : « Les stripteaseuses ont toujours besoin de conseils juridiques », histoire d’un déni de justice

Rentrée littéraire : « Les stripteaseuses ont toujours besoin de conseils juridiques », histoire d'un déni de justice

Comme Hergé, l’inventeur de Tintin, l’Américain Iain Levison est un adepte de la ligne claire : dans ses romans, des personnages bien dessinés se retrouvent dans des situations souvent rocambolesques, mais toujours précisément circonscrites. Ajoutez une propension à exposer lesdits personnages aux injustices de ce monde tempérée par une réelle bienveillance à leur endroit et par un bel humour désabusé et vous obtenez un auteur que l’on suit les yeux fermés depuis plus de quinze ans, qu’il nous conte la carrière d’un étudiant en lettres dans la pêche industrielle (Tribulations d’un précaire) ou l’infortune d’un chauffeur de taxi victime d’une erreur judiciaire (Arrêtez-moi là). On le retrouve ici dans la peau de Justin, avocat commis d’office – un brillant sujet sorti de Princeton qui a sabordé sa carrière en lançant une alerte éthique et qui attend maintenant la retraite en défendant des vagabonds.

Lire aussiLa sélection culture à picorer cette semaine

Un jour, un procureur sous-doué propose à notre avocat des pauvres un moyen d’arrondir ses fins de mois : il s’agit de se rendre, une fois par semaine, dans un club de strip-tease pour dispenser des conseils juridiques à d’affriolantes professionnelles prénommées Misty ou Cristal… Seulement le job est un peu trop bien payé (1000 dollars de l’heure). Et il s’assortit d’étranges conditions – passer la nuit dans le motel voisin en garant préalablement sa voiture à la place indiquée. Bien entendu, tout cela cache de sales combines, mais notre avocat n’est pas né de la dernière pluie.

Peccadilles

Iain Levison non plus, qui en profite pour livrer un panorama atterrant de la justice américaine où s’affrontent non seulement accusation et défense, mais aussi loi étatique et loi fédérale ; où le népotisme prime le mérite, où des procureurs réclament des peines délirantes pour des peccadilles quand cela sert leurs ambitions politiques et où les ex-cancres de fac de droit peuvent faire de jolies carrières en privilégiant les peines négociées sur les procès qui révéleraient leur nullité. Et tout cela est exposé dans un style accrocheur et sans fioritures, au fil d’une action qui ne faiblit jamais, où l’on rit jaune des mésaventures d’humbles innocents pris dans les rouages du système – un SDF habitué aux injustices, un travailleur manuel avec un beau potentiel de coupable. Pessimiste, Levison ? Oui, mais avec le sourire aux lèvres.

Les stripteaseuses ont toujours besoin de conseils juridiques Iain Levison, traduit de l’anglais (É.-U.) par E. et Ph.Aronson, Liana Lévi, 240p., 22 euros (en librairies jeudi)

Alexis Brocas

La raison d’être de editionsefe.fr est de trouver en ligne des communiqués autour de Edition Juridique et les présenter en s’assurant de répondre au mieux aux interrogations des gens. Le site editionsefe.fr vous propose de lire cet article autour du sujet « Edition Juridique ». Cette chronique se veut reproduite du mieux possible. Vous avez la possibilité d’envoyer un message aux coordonnées fournies sur le site dans le but d’indiquer des explications sur ce texte sur le thème « Edition Juridique ». Dans peu de temps, nous publierons d’autres informations pertinentes autour du sujet « Edition Juridique ». Cela dit, visitez régulièrement notre site.