Publication du 1er ouvrage français de référence sur les « Legal Operations », une fonction qui monte…

Publication du 1er ouvrage français de référence sur les "Legal Operations", une fonction qui monte...

Depuis quelques années est décrite sur Le Village et ailleurs la montée en puissance des fonctions non uniquement juridiques dans les métiers du droit.

Gestionnaire de projet, expert, développeur, responsable de l’innovation… De plus en plus de fonctions sont intégrées dans les départements juridiques [1] et les cabinets d’avocats pour aider à gérer les flux de travail hors « pur juridique », de façon plus organisée.

Autant de fonctions que l’on a souvent présentées comme des fonctions support des métiers du droit, au-delà des traditionnels métiers de l’assistanat juridique et du paralegal, mais c’est désormais bien plus que cela : des fonctions qui viennent appuyer les équipes juridiques pour tout ce qui ne concerne pas directement le droit, mais plutôt la mise en place d’innovation, de technologie, la gestion de projet, l’organisation interne, etc.

Longtemps anecdotique, ou en tout cas peu mise en avant dans les discussions sur les trajectoires professionnelles et les métiers du droit, ces fonctions que l’on rassemble sous le terme LegalOps font désormais l’objet de nombreuses conférences, articles, réflexions. On commence à trouver des offres d’emploi également, signe qu’un « marché » est en train d’émerger. De même, des formations se tournent vers la transformation du droit en général. Les conditions sont donc réunies pour une reconnaissance d’une nouvelle fonction.

À l’image de ce qui se passe depuis au moins 20 ans aux États-Unis et au Canada, il y a fort à parier que les équipes gérant les Legal Operations vont devenir des équipes multidisciplinaires, pas uniquement constituées de juristes, et s’affirmer indispensables dans le monde du droit français.

Un ouvrage important vient de paraître, « Legal Operations – Efficience, process, digitalisation et intelligence artificielle au sein des directions juridiques« , dans lequel l’auteure, Émilie Calame [2], rassemble l’ensemble des connaissances sur le sujet, adaptées à la France : les origines pour en comprendre les fondamentaux, le périmètre du métier de LegalOps, les formations, les compétences nécessaires, les structures concernées, la pratique quotidienne du métier depuis sa première mise en place, les techniques et bonnes pratiques et de nombreux conseils très utiles, à travers des analyses très accessibles et des témoignages de « ceux qui l’ont déjà fait », dans des entreprises de toutes tailles en France. Une véritable Bible que cet ouvrage donc, que nous conseillons vivement à tous ceux qui envisagent une meilleure organisation de leur direction juridique et à ceux qui se destinent à ce métier, juristes ou non.

Bien entendu, les enjeux forts du moment (l’IA, mais également les notions d’efficience de la DJ par exemple) sont abordés.

Nous avons demandé à Émilie Calame de nous en dire plus sur le « phénomène LegalOps »…

Village de la justice : Quelle est la raison d’être de cet ouvrage ?

Émilie Calame

Émilie Calame : J’ai estimé qu’il n’existait pas ! Je l’ai cherché et ne l’ai pas trouvé en français, ce qui en soi n’est pas un souci, mais je voulais adapter le sujet et la présentation de cette fonction aux francophones, et la littérature aux États-Unis a 20 ans de recul et est très avancée, trop pour nous, ici, qui débutons le parcours…

Je voulais un ouvrage abordable et adapté aux francophones.

VJ : Où en est la fonction LegalOps en France ?

Émilie Calame : Il y a déjà de nombreux LegalOps en France, la tendance est lancée ! Même si souvent pas ce n’est pas à temps plein, avec des postes de Juristes « à double casquette », la fonction prend réellement de l’ampleur.

Les spécificités françaises ne sont pas dues à une exception culturelle, mais plutôt à un manque de maturité, notamment sur la digitalisation et l’IA particulièrement. Aux USA, ces sujets ont été adressés bien avant chez nous (avec les CLM par exemple, qui doivent se développer pour que l’IA prennent de l’ampleur en direction juridique).

« Il nous faut un pool de compétences variées dans lequel piocher au sein de la DJ, pour chaque projet. »

Le recrutement de fonctions pas uniquement juridiques se développe, pour favoriser et mettre en œuvre l’innovation. Or je ne crois pas que le juriste puisse devenir codeur par exemple, il nous faut un pool de compétences variées dans lequel piocher au sein de la DJ, pour chaque projet.

Avec l’évolution gigantesque de l’IA, on a fait un bond en avant. Il est difficile d’imaginer ce que sera la direction juridique dans cinq ans, mais c’est à coup sûr la fin de la pratique juridique « comme avant » ; le ou la LegalOps aura un rôle important dans la conduite du changement, dans le « driving » de la DJ, pour accompagner les évolutions.

Nous sommes à un tournant avec la digitalisation grandissante, qui est en train de faire muter la fonction juridique. C’est aussi lié à la contraction budgétaire actuelle : on cherche de plus en plus l’optimisation des équipes et la performance. Cette optique d’optimisation peut aussi amener à favoriser l’innovation, c’est parfois positif.

Les DJ qui ont déjà fait le pas disent qu’elles ne reviendront pas en arrière sur la fonction LegalOps car c’est un Investissement structurant à long terme.

Le LegalOps peut aussi faire le pont entre les différents départements de l’entreprise ; il est le meilleur trait d’union avec les autres directions, car le Legalops est complètement opérationnel.

VJ : Qui a besoin d’un LegalOps ?

Émilie Calame : On a tous besoin de la fonction Legal Operations, mais on n’a pas tous besoin d’une personne en interne. L’internalisation et l’identification d’un poste LegalOps est souvent perçue à partir d’environ 5 à 10 juristes, au moins à temps partiel.

Puis, à terme, l’innovation, la gestion de projets, la digitalisation… doivent infuser en interne pour une majorité de juristes, mais tout le monde ne va pas porter la fonction LegalOps : il faut une équipe dédiée pour aider les juristes à se concentrer sur le fond du droit.

VJ : Est-ce que la fonction de LegalOps ne pourrait pas susciter des vocations de juristes, ou changer positivement le métier et son ressenti ?

Le LegalOps peut rendre plus attractive la profession de juriste.

Émilie Calame : Oui, ça peut rendre plus attractive la profession de juriste, en simplifiant la vie du juriste : la présence d’un LegalOps peut redonner envie d’exercer la fonction juridique dans une DJ.

Mais être LegalOps, c’est aussi un pas de côté pour ceux qui aiment le droit et ont une appétence pour autre chose que le droit, dans un département qui leur plait et où ils peuvent apporter d’autres compétences. La fonction LegalOps offre une opportunité de ne pas faire « seulement du droit » en entreprise tout en servant les intérêts de la DJ, en apportant un impact personnel, l’accompagnement de la mutation de la profession. Aujourd’hui un Legalops fait partie de l’histoire qui débute !

VJ : La formation à ce métier est-elle prête ?

Émilie Calame : Informelle jusqu’à présent, elle est en train de se structurer, dans le public comme le privé. Il faut aller piocher des compétences et se former, être agile.

Les formations qui arrivent permettront de charter un peu la fonction, faciliter les recrutements et les évolutions de carrière.

« Legal Operations

Efficience, process, digitalisation et intelligence artificielle au sein des directions juridiques »


Paru aux Éditions LexisNexis le 23 octobre 2024.

Par Emilie calame, préface de Jean-Philippe Gille (Président de l’AFJE), avant-propos de Mike Haven (Head of Global Legal Operations, Intel Corp.).

À noter : les 26 et 27 novembre prochains se tiendra la 8ième édition des RDV des Transformations du droit, congrès dédié à l’innovation juridique et aux innovateurs avocats, juristes, LegalOps…. Le métier de LegalOps sera évidemment abordé comme chaque année depuis de nombreuses éditions. En savoir plus ici.

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