Métiers du droit : quelles stratégies pour anticiper l’impact de l’IA

Métiers du droit : quelles stratégies pour anticiper l’impact de l’IA

Quelle appétence pour l’IA dans les Directions juridiques et Cabinets d’avocats ?

Pour Alexia Delahousse, il existe un intérêt marqué des collaborateurs de sa direction juridique pour l’IA. Selon elle, la DJ est doublement concernée par cette technologie : elle doit protéger l’entreprise des risques associés à l’utilisation de l’IA tout en étant un moteur de transformation grâce à l’utilisation d’outils permettant d’automatiser des tâches à faible valeur ajoutée.

« La promesse des gains de productivité et de qualité de vie au travail l’emporte sur la crainte de l’employabilité sur le long terme. » Elle évoque ces bénéfices concrets :
- le gain de productivité : L’IA permet de rendre du temps aux collaborateurs, temps qui peut être réinvesti dans des tâches à forte valeur ajoutée ;

- l’amélioration de la qualité de vie au travail, puisqu’à titre individuel, il pourra gagner du temps, rééquilibrer sa vie professionnelle/personnelle : C’est un « cercle vertueux sur lequel il faut travailler : augmenter le gain de temps, limiter les frustrations (L’IA si elle est bien utilisée va permettre de limiter les erreurs) > augmenter la qualité du travail avec des tâches plus intéressantes.

Une « promesse » à laquelle les salariés adhèrent, ce qui facilite leur adhésion à l’adoption de ces nouvelles technologies.

Chez les avocats, entre appétence et transformation du modèle économique.

François Girault a évoqué une dynamique similaire chez les avocats. Bien que certaines craintes subsistent, notamment quant à la confidentialité des données et la maîtrise des outils, il constate une appétence grandissante pour l’IA. Les institutions comme le CNB ou les syndicats travaillent à sensibiliser les professionnels pour lever ces craintes et explorer les opportunités.

L’IA questionne également le modèle économique des cabinets. Avec des outils capables d’automatiser des recherches complexes, la facturation basée sur le temps passé ne semble plus possible. La facturation forfaitaire va s’imposer, prédit François Girault. En tout cas celle au temps passé est finie. Néanmoins, la transition n’est pas sans défi : « la problématique du modèle économique des cabinets va forcément être remise en question. »


Former les juristes de demain : un enjeu majeur.

C’est François Ameli qui évoque les initiatives de l’École de droit de la Sorbonne pour intégrer l’IA dans la formation des futurs juristes. :

- Mise en place depuis plusieurs années de l’observatoire de l’IA qui a intégré toutes les sciences humaines et sociales et pas seulement le droit.
- introduction de DU qui viennent compléter les études de licence, avec de L’IA.
- Master IA et Gouvernance : créer des experts dans le domaine de l’IA : grâce à un partenariat avec Télécom Paris, ingénieurs et juristes vont se côtoyer.
- double licence droit/ informatique pour aller vers des juristes spécialistes du numérique mais qui soient en même temps codeur. « Les double licences c’est 60% du programme de chaque licence, c’est intensif. Mais juristes informaticiens c’est l’avenir ! »

Jérôme Frizzera-Mogli de l’EDHEC a insisté quant à lui sur les compétences qui doivent émerger et notamment :

1) L’approche de l’imprévisibilité. C’est un état d’esprit. Le juriste avait intégré l’imprévisibilité bien avant mais là, il faudra l’avoir en posture client.

2) Des compétences de « garde-fous » : l’éthique, le sens critique, les valeurs.

3) Gérer son stress et coopérer. Dans le business, il faut se parler, notamment dans les situations anxiogènes.

Les soft skills sont valorisées dans ce contexte.

Vers un besoin accru de formations continues.

La conférence a également mis en lumière l’émergence de postes hybrides. Alexia Delahousse a illustré cette tendance par la création d’un poste combinant les fonctions de legal operations et de juriste spécialisé en IA chez Qonto.

Pour accompagner cette transition, François Girault et Jérôme Frizzera-Mogli plaident pour des certifications adaptées et un partenariat renforcé entre les institutions et les entreprises.

Une révolution en marche : adopter l’IA avec confiance

La conclusion des intervenants est claire : l’IA est une opportunité à saisir. François Ameli encourage les juristes à « foncer » et Jérôme Frizzera-Mogli, avec une note d’optimisme, a rappelé : « Heureux ceux qui vivent au moment des grands changements ! ». Pour relever les défis de cette révolution technologique, les juristes devront s’appuyer sur des fondamentaux solides, tout en adoptant une posture ouverte et proactive.

Une conférence à écouter en intégralité ici :

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