Qui sera le Premier ministre de la gauche en cas de victoire aux élections législatives anticipées ? Jean-Luc Mélenchon et François Ruffin se positionnent, tandis que la droite continue de se fracturer et que la majorité présidentielle tente de lancer sa campagne, avec Gabriel Attal en déplacement dans le Pas-de-Calais.
« On ne va pas passer les 17 jours qui viennent à revenir sur cette décision » de dissolution, a évacué le Premier ministre jeudi matin sur France Inter.
Au lendemain de la conférence de presse d’Emmanuel Macron, Gabriel Attal a tenté de placer les électeurs devant « un choix de société » entre les « blocs d’extrême gauche et d’extrême droite » et le bloc présidentiel « progressiste, travailliste, démocrate, républicain ».
M. Attal, qui effectue un premier déplacement de campagne dans le Pas-de-Calais, en a appelé à la gauche sociale-démocrate, alors que le PS fait « alliance avec le NPA (Nouveau parti anticapitaliste) de Philippe Poutou ».
Un « comité stratégique de campagne » se tient jeudi matin au siège de Renaissance avec les chefs de partis –François Bayrou, Edouard Philippe, Stéphane Séjourné, Hervé Marseille– et plusieurs ministres –Sébastien Lecornu, Bruno Le Maire, Rachida Dati….
Ebranlée par la dissolution, la majorité doit également s’accorder rapidement sur les investitures, après la reconduction de la plupart des sortants.
Faure « ne disqualifie pas » Mélenchon
A gauche, après l’union, est posée la question brûlante Jean-Luc Mélenchon. Sur France 2 mercredi soir, le leader de LFI, dont les excès rhétoriques indisposent l’électorat modéré, n’a pas fermé la porte à l’idée de prendre la tête de cette coalition.
« Capable » d’être Premier ministre, « je ne m’élimine pas mais je ne m’impose pas », a-t-il déclaré.
Mélenchon à Matignon ? « Je ne le disqualifie pas, je dis juste que ce choix sera un choix collectif », a réagi jeudi le premier secrétaire du PS Olivier Faure.
En 2022, « il pouvait légitimement y prétendre, il était même le seul. Aujourd’hui c’est un peu différent », a estimé M. Faure, qui affirmait encore mardi qu’il n’y avait « pas de logique à ce que Jean-Luc Mélenchon soit le candidat » de la gauche unie.
« La nouvelle coalition devra choisir en son sein celui qui est le plus en mesure de réparer » un « pays très fracturé », ce qui « suppose un profil, non pas le plus clivant, mais qui permette de fédérer le pays », a expliqué le patron du PS, qui a obtenu un net rééquilibrage des investitures en sa faveur.
Un autre Insoumis, François Ruffin, est également disponible. « Je m’en sens capable aussi. Si jamais il y a un consensus sur un nom, je suis prêt à prendre la place qu’on voudra pour transformer la vie des gens », a-t-il déclaré jeudi.
Ciotti en justice ?
A droite, le feuilleton continue. Le président exclu des Républicains Éric Ciotti conteste son éviction par le bureau politique de LR. Et il est arrivé jeudi matin sans entrave à son bureau du siège du parti, au milieu d’une forêt de caméras.
Celui qui a conclu une alliance avec le Rassemblement national s’est félicité sur France 2 de « l’union des droites », assurant que le qualificatif d’extrême droite donné à Marine Le Pen était « tellement ridicule », « tellement usé ».
Sur le fond, il a estimé que la question des retraites, qu’il souhaite reporter à 65 ans, alors que le RN défend un retour à 62 ans, n’est « pas la priorité ».
Mercredi, lors d’une journée rocambolesque, tous les cadres de LR ont décidé de confier la direction du parti à Annie Genevard et François-Xavier Bellamy et décidé la reconduction des candidatures de tous les députés sortants, sauf Eric Ciotti et une de ses proches. Un candidat a également été désigné dans la circonscription du président exclu.
Maréchal pas candidate
La crise est aussi ouverte à Reconquête, qui a exclu la tête de liste aux européennes Marion Maréchal, qui a accusé Eric Zemmour de vouloir présenter des candidats face au RN et assuré refuser de « participer à une énième division des droites ».
Mme Maréchal a cependant annoncé jeudi qu’elle ne serait « pas candidate aux législatives » et qu’elle siégerait à Strasbourg.
« Je n’ai en aucun cas rallié ou rejoint le Rassemblement national », a martelé la nièce de Marine Le Pen sur TF1, affirmant ne pas avoir négocié de poste au sein d’un éventuel gouvernement.
La porte est en revanche ouverte pour ses proches, dont certains l’ont suivie dans son départ: Guillaume Peltier et Nicolas Bay, vice-présidents de Reconquête, ainsi que Laurence Trochu.
Les premiers sondages laissent entrevoir au RN un score de 31% aux législatives, comme aux européennes de dimanche dernier. Avec une nette augmentation des troupes RN à l’Assemblée, estimées entre 220 et 270 sièges selon une enquête Elabe pour BFMTV, contre 88 avant la dissolution. Non loin des 289 nécessaires pour la majorité absolue.
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