
L’équipe de Mount Zero, installée dans une ruelle tranquille de Hong Kong, a craqué, après de multiples accusations d’infractions mineures, comme l’occupation illégale d’un espace public devant sa devanture.
Fondée il y a près de six ans, la librairie a été un témoin privilégié de moments cruciaux de l’histoire récente de Hong Kong, depuis les manifestations pro-démocratie jusqu’à la répression politique de Pékin. La fermeture de cette librairie progressiste, selon ses clients, semble être une conséquence des tensions politiques actuelles. « Ces librairies sont des oasis pour les amateurs de livres, et leur perte est regrettable », déplore Leo, un étudiant en informatique auprès de l’AFP.
D’après Ivan Choy, expert en sciences politiques et participant, la fermeture de Mount Zero souligne à quel point la normalisation annoncée par les autorités est éloignée de la réalité vécue par les citoyens.
Fondée en 2018, Mount Zero, connue pour son rôle de carrefour culturel grâce à l’organisation d’événements tels que des débats littéraires et des concerts, a su créer une véritable communauté. Margaret Ng, avocate et ex-politicienne, voit en cette librairie un lieu de convergence pour des lecteurs aux visions similaires, soulignant l’importance de tels espaces pour l’expression et la création jeunes.
Avec la multiplication des inspections sur des bases souvent anonymes, Mount Zero avait exprimé l’espoir que les plaintes cessent, sans succès. Face aux visites incessantes, la librairie a dû annoncer sa fermeture en décembre dernier, suscitant une vague de soutien.
« Les livres rendent toujours la vie plus vibrante ! Merci », pouvait-on lire dans un message laissé dans un cahier à l’intérieur de la boutique, nous apprend Hong Kong Free Press.
Dans les ultimes moments de l’enseigne, les habitués sont restés à l’extérieur, partageant vin et porc barbecue, réticents à quitter ce lieu emblématique. Un sentiment partagé par Judy, une habitante du quartier, qui a confié : « Mount Zero m’a donné de la force depuis le mouvement social… Je savais que je n’étais pas seule. »
Le pouvoir se durcit encore
Depuis l’introduction de la loi sur la sécurité nationale en 2020, le milieu culturel hongkongais vit dans la crainte de la censure, exacerbée par la pression des inspections gouvernementales.
Cette loi imposée par la Chine à Hong Kong marque un tournant décisif dans l’autonomie et les libertés de cette région administrative spéciale. Adoptée le 30 juin 2020 précisément, cette législation vise officiellement à prévenir, arrêter et punir quatre types d’activités criminelles considérées comme menaçantes pour la sécurité nationale : la sécession, la subversion contre le pouvoir de l’État, les activités terroristes, et la collusion avec des forces étrangères ou extérieures pour mettre en danger la sécurité nationale.
Elle a été promulguée en réponse aux vastes manifestations pro-démocratie qui ont éclaté à Hong Kong en 2019, et elle est vue par Pékin comme un moyen nécessaire pour restaurer la stabilité dans la région.
Les critiques soutiennent que la loi est si vaste et ambiguë qu’elle peut être utilisée pour réprimer toute forme de dissidence et miner le principe « Un pays, deux systèmes » qui avait été promis à Hong Kong lors de sa rétrocession à la Chine en 1997. La loi permet par ailleurs à des agences de sécurité nationale chinoises d’opérer ouvertement à Hong Kong et autorise l’extradition vers la Chine continentale dans certains cas.
Avec l’application d’une seconde loi sur la sécurité nationale fin mars, les défenseurs des droits s’inquiètent de la potentielle répression de toute expression pro-démocratique et de l’érosion des libertés culturelles.
Elle introduit de nouvelles infractions punissables, dont la trahison et l’insurrection, avec des peines pouvant aller jusqu’à la prison à perpétuité.
Le projet permettrait la détention sans inculpation pour seize jours et interdirait l’accès à un avocat pendant cette détention. Il élargit également la notion de « sédition » et augmente les peines maximales associées. Les critiques expriment des inquiétudes quant à l’impact sur la liberté d’expression, malgré le soutien majoritaire recueilli lors des consultations publiques selon les autorités de Hong Kong.
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Parmi les accusés d’atteinte à la sécurité nationale, Jimmy Lai, ex-magnat de la presse et figure de l’opposition à Hong Kong, qui plaide non coupable face aux accusations, et risque toujours la prison à vie.
Crédits photo : Mitch Altman (CC BY-SA 2.0)
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