Démarrage à Nouakchott des travaux de la deuxième édition du Forum International des Compétences

Démarrage à Nouakchott des travaux de la deuxième édition du Forum International des Compétences

Les travaux de la deuxième édition du Forum international des compétences (FIC), organisé par le cabinet Vizeho Consulting et le journal Financial Afrik, ont démarré ce mercredi 24 juillet à l’ancien Palais des Congrès de Nouakchott.  Trois panels ont meublé les échanges.

Le premier panel a porté sur l’entreprenariat digital et le financement de l’innovation des jeunes. Le deuxième était le cadre d’échanger sur les métiers d’avenir et la reconversion professionnelle, et le troisième dédié au sujet de la microfinance en Mauritanie, notamment l’inclusion financière des femmes.

L’écosystème des startups en Mauritanie passé au peigne fin

Abordant son exposé à ce sujet, Mohamed Naceur Ammar, ancien ministre tunisien des Technologies de la communication, a rappelé d’emblée que les startups constituent un catalyseur pour les économies. Ces startups sont concentrées en Europe et en Asie du Sud-Est, tandis que l’Afrique reste à la traîne malgré certains progrès, a regretté le panéliste.

Dans son développement, a—t-il souligné, beaucoup de similitudes existent entre les écosystèmes de la Mauritanie et la Tunisie. Avec des indicateurs économiques plutôt favorables, l’écosystème mauritanien est formé autour d’incubateurs et d’accélérateurs, d’instituts de formation et de recherche, d’investisseurs, et d’institutions des politiques publiques d’accompagnement. Il dispose également d’un cadre réglementaire et incitatif intéressant, selon l’intervenant. Une loi votée en 2023 permet d’ailleurs booster les startups.

Mais pour Mohamed Naceur, des leviers sont encore nécessaires pour booster cet écosystème. Et d’appeler, entre autres, à renforcer la formation et l’éducation, à multiplier les structures de support, à assouplir l’accès au financement, à améliorer le cadre réglementaire et à accéder aux marchés régionaux et internationaux.

De ce fait, les recommandations suivantes ont été formulées par l’ancien ministre de la Tunisie: former, éduquer et renforcer les capacités, intégrer l’entreprenariat dans les cursus universitaires, augmenter le nombre d’incubateurs, créer des hubs technologiques régionaux, fournir de l’espace, encourager la création de fonds de capital-risque locaux, développer des mécanismes de financement alternatifs, créer un mécanisme de soutien juridique pour les startups et promouvoir les startups mauritaniennes à l’international.

Un contexte mondial mouvant

Au sujet du contexte mondial, le panéliste a souligné la nécessité pour les jeunes des générations Z et Alpha de s’adapter à un monde en profonde mutation. Il s’agit, dit-il, du monde de la société de l’information avec des transformations rapides, l’industrie 5.0, la robotique…

S’agissant des métiers, précise-t-il, certains sont détruits et remplacés par des algorithmes et d’autres se créent. « On ne connait rien de 80% des métiers qui seront créés d’ici 2030 », note le conférencier.

D’où un nécessité de se doter de compétences. « Le monde sera régi par des compétences dont les jeunes doivent être dotées, poursuit le conférencier. Ce sont d’abord des compétences scientifiques et techniques, les nouvelles technologies ; mais aussi des compétences emphatiques liées à la communication, à la créativité. (…) Donc les jeunes doivent impérativement accumuler des compétences pour naviguer dans ce monde nouveau. Et, pour ce faire ils doivent s’inscrire à l’école 4.0 avec ces nouveaux paradigmes. Des apprentissages tout au long de la vie seront requis pour accompagner ce monde qui bouge ».

« Le défi majeur réside dans la qualification du capital humain »

Pour l’ancien ministre tunisien qui mentionne également la nécessité de l’hybridation des compétences et de la transdisciplinarité, les défis persistent. Mais les perspectives sont prometteuses. D’ailleurs, dit-il, les jeunes Mauritaniens sont très doués en mathématiques et cela est nécessaire pour maîtriser les nouvelles technologies.

En effet, conclut-il, le défi majeur réside dans la qualification du capital humain.

« Nous sommes dans un monde nouveau où nous ne savons pas tout. Donc on doit apprendre des autres et tirer des leçons de leurs erreurs », a fait savoir Abdel Aziz Dahi, ancien ministre mauritanien de la Transformation numérique, de l’Innovation et de la Modernisation de l’administration, emboitant le pas à son collègue tunisien.

Quid du modèle d’une startup réussie

Selon Abdel Aziz Dahi, le monde des startups est difficile et complexe. Sur 100 startups, dit-il, il y en a 10 qui survivent et seulement 4 qui sont rentables. Evoquant les critères pour les startups qui réussissent, l’ancien ministre mauritanien a affirmé que pour réussir, une startup doit être bâtie sur un modèle économique viable.

 « Le 2ème facteur de réussite, c’est la rigueur. Il s’agit de concrétiser l’idée. Le produit lui-même doit être différent, référencé. Il faut aussi une équipe solide, des ressources humaines de qualité. L’accès aux réseaux est aussi nécessaire ; et il faut pouvoir lever les fonds pour développer l’entreprise. (…) Et pour créer des champions, il y a des fondamentaux. D’abord l’éducation et la formation, en plus de la formation continue. Les infrastructures sont aussi nécessaires. Les hubs technologiques sont de ce point de vue un facteur stimulant », poursuit le ministre.

Aussi, a-t-il, souligné, il y a les incitations fiscales mais aussi la collaboration et le partenariat, avec un réseau des mentors. « Il faut des politiques publiques efficaces et un cadre juridique qui promeut l’innovation. L’accès au marché est une autre nécessité ».

En conclusion, l’ancien ministre Dahi a affirmé qu’en Afrique, il y a des startups qui réussissent et qui montrent le bon exemple. On en trouve, entre autres, au Kenya, au Nigéria, en Tunisie et même en Mauritanie.

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