Comment le festival briochin Just do Paint s’est retrouvé dans une bataille juridique face à Nike

C’est peu de temps après l’annonce de la fin de l’aventure briochine, au printemps 2022, que Bertrand Keravis est contacté par les avocats de Nike. Dans un courrier, la mondialement célèbre marque à la virgule, demande au fondateur du festival briochin de ne plus utiliser « Just do Paint ». Trop proche de son célèbre slogan « Just do it ».

« Un slogan auquel je tenais »

« Honnêtement, je ne m’y attendais pas », retrace Brinks en ce début du mois de mai 2024. « Ce slogan, j’y pensais depuis longtemps. Mais en français avec « Fais juste de la peinture ». Quand on a lancé le festival, qui avait une ambition internationale, on l’a passé en anglais ». Tout simplement.

Sauf que Nike estime qu’on est là face à du plagiat. « Ma première réaction, ça a été de me dire qu’on avait bien bossé si notre événement était connu jusque chez Nike », s’amuse le graffeur briochin. « Et puis très vite, je me suis dit que c’était quand même un slogan auquel je tenais et j’ai décidé de faire appel à un avocat spécialisé en droit à l’image et en propriété intellectuelle ». Une procédure est lancée devant l’INPI (Institut national de la propriété intellectuelle) pour faire reconnaître le droit d’utiliser l’expression « Just do ».

Nike gagne la partie

Pour la réponse, Bertrand Keravis a attendu deux ans. Entre-temps, il a relancé un événement de street-art à Yffiniac. « Tout le monde s’est demandé pourquoi on appelait ça Street-Art en Baie et pourquoi on n’avait pas gardé Just do Paint. Mais il y avait cette procédure et on ne voulait pas prendre de risque vis-à-vis de Nike ».

On va remonter des événements […] en se concentrant sur ce qu’on sait faire le mieux : juste peindre.

L’avenir lui aura donné raison. Il y a un mois, l’INPI a rendu sa décision. Et donné raison à Nike. « On aurait aimé gagner, rien que pour le geste, mais on a eu deux ans pour s’y préparer », analyse, philosophe, le graffeur. Qui a décidé de ne pas faire appel de la décision, y voyant finalement le bon moment pour tourner la page.

Juste peindre

Du moins en partie. « On ne peut pas garder Just do Paint ? Alors on a décidé d’enlever le « do » pour donner naissance à Just Paint », sourit Brinks. « Et maintenant, on va remonter des événements, peut être un peu plus petit, mais sur toute la Bretagne. En se concentrant sur ce qu’on sait faire le mieux : juste peindre ». Et ça commence dès cet été avec des événements prévus à Saint-Potan, du 11 au 14 juillet, à Quéven, du 20 au 24 août, et un projet participatif en partenariat avec le centre hospitalier de Saint-Brieuc.